Mar 21 2010

Népal – Trek Langtang et Gosainkund

Nous voila tout juste revenus de notre trek que nous avons fièrement terminé, cela nous a pris 13 jours. Pour être précis, nous avons réalisé 2 treks qui sont l’un à côté de l’autre : le trek du Langtang et celui de Gosainkund. Nous sommes partis seulement avec un guide, nous ne voulions pas prendre de porteur car cela nous semblait bizarre que quelqu’un porte péniblement nos affaires (un porteur peut transporter jusqu’à 24kg de bagages et gagne très peu sa vie). Nous avons alors fait de tous petits sacs afin de ne pas accroitre la difficulté du trek. Les journées de marche débutent tôt le matin vers 7h30 pour finir vers 14-15h, ce qui nous laisse le temps de nous reposer tout en admirant le paysage.

Nous avions choisi ce trek car les paysages sont variés, de la forêt, des vues impressionnantes sur de hauts cols enneigés et aussi parce qu’il est beaucoup moins fréquenté que ceux des Annapurnas ou de l’Everest. Et en effet, nous avons croisé que quelques touristes que nous retrouvions soir après soir, ce qui était plutôt sympa. Cependant, cela reste un sentier aménagé pour les treks, la présence de multiples lodges nous rappelle la place importante du tourisme au Népal. De nombreux Népalais vivent essentiellement grâce au tourisme, leur vie isolée dans les montagnes s’est peu à peu modifiée. Malgré tout, elle reste très rudimentaire avec des conditions climatiques extrêmes, il faut encore aller chercher l’eau et le bois et il y a très peu d’électricité. Nous avons été un peu déçus par l’accueil dans certains lodges, le dialogue se limitait à un simple bonjour et pas grand-chose de plus. Il y avait au final assez peu d’échanges avec les gérants des pensions.

Sur les 13 jours, nous avons du consacrer 2 jours de transport depuis/vers Katmandou. Pour information, la ville de départ du trek, Syabrubesi, ne se situe qu’à 145km de la capitale mais il faut compter 10h de bus pour s’y rendre ; on vous laisse imaginer l’état des routes.

Les 2 premières journées de marche se déroulent entre 2 grandes montagnes en longeant la rivière Langtang Khola. Nous montons rapidement en altitude, un peu plus de 1000m de dénivelé positif par jour, c’est usant. Il n’y a pas de vues dégagées vers les hauts sommets, nous sommes la majorité du temps dans une forêt très calme où des rhododendrons de taille imposante colorent le paysage. Nous observons longuement des singes (langurs), des ruches géantes et de multiples oiseaux colorées. Après cette longue montée de 2 jours, nous continuons plus doucement pour arriver à 3800m d’altitude dans un village de type tibétain. Nous ressentons déjà le manque d’oxygène. Nous sommes sur des plateaux dégagées qui nous permettent d’admirer de hautes montagnes telles que Langtang Lirung (7234m) et Langtang II (6561m) ainsi que de beaux glaciers.

Cela fait 4 jours que nous sommes partis et nous faisons demi-tour pour repasser sous 2000m et repartir sur le trek de Gosainkund. Nous passons par de jolis villages comme Thulo Syabru où les gens cultivent en terrasses. Nous montons en 3 jours vers Gosaikund, site d’un grand pèlerinage hindou au mois d’août, durant lequel des milliers de sâdhus montent jusqu’aux lacs sacrés ; nous admirons ces trois lacs enneigés. Ce sera notre nuit la plus élevée, 4380m, il n’y a que 58% d’oxygène à cette altitude par rapport au niveau de la mer.

Lors de cette ascension, nous avons eu un temps mémorable. Dés le début d’après-midi, les nuages s’emparent de la vallée, on ne voit qu’a quelques mètres, il fait très froid et il neige ou il grêle. Les lodges construits en bois ne sont pas isolés, le vent s’engouffre de partout et les népalais ne semblent pas savoir fermer les portes… Seule la pièce où nous mangeons est chauffée mais uniquement à partir d’une certaine heure et s’il fait suffisamment froid même pour un Népalais. L’attente devant le poêle éteint est parfois interminable. Une fois le feu allumé, nous restons collés au poêle, nous brulons devant et nous sommes gelés derrière. Dans les chambres c’est horrible, la température descend très facilement en dessous de 0, un touriste nous dira grâce à son thermomètre qu’il a fait -3°C. Ha ! Et petit détail, voulant porter le moins possible, nous n’avions pris qu’un seul duvet et Fred dormait avec les quelques couvertures mis à disposition dans les refuges, heureusement elles sont bien chaudes mais ne sentent pas la rose.

Ces petits moments de fraicheurs ont au moins eu l’intérêt d’enneiger toutes les montagnes au dessus de 3500m ce qui n’a fait que sublimer encore ces paysages magnifiques. De plus la vue était malgré tout extrêmement claire et dégagée de 7h à 14h ce qui nous laissait largement le temps d’en prendre plein les yeux. Quel bonheur de marcher dans la neige et sur la glace de bonne heure et couvert chaudement avant que le vent ne se lève. Lors de cette excursion, nous avons pu  admirer d’impressionnantes vues sur Ganesh Himal (7406m), Manaslu et la fameuse chaine des Annapurnas. Nous avons même pu voir au loin un sommet de plus de 8000m.

Le plus difficile pendant ce trek n’est pas le manque d’oxygène ou les longues journées de marche, mais le froid associé au manque de confort. Les lits se résument pour le plus souvent à une planche avec un matelas de 2 ou 3 centimètres d’épaisseur et la nourriture en montagne n’est pas ce qu’il y a de plus attrayant (riz ou pates chinoises essentiellement).

Pour couronner le tout, nous avons été victime d’une indigestion alimentaire dés le premier soir du trek. Nous voulions boire de l’eau de la rivière pour éviter l’accumulation de déchets en plastique et limiter le travail pénible des porteurs. Après cette première journée de marche, nous avons donc rempli notre bouteille avec l’eau de la rivière, mis une pastille purifiante, et nous avons bu 1 litre dans la soirée… S’en est suivi une nuit horrible (crise de fièvre, vomissement, maux d’estomac, vertiges). Impossible de se lever le lendemain matin, c’est la première fois que nous avons été aussi malades en voyage. Cette journée de convalescence nous a empêché de faire une excursion prévue 2 jours plus tard sur un somment à 4600m. On vous épargne les détails des jours suivants, mais il nous aura fallu toute de même 4 ou 5 jours avant de retrouver toutes nos forces et c’est donc en marchant péniblement que nous avons débuté ce si beau trek.